Le TMS le plus fréquent et ses caractéristiques

Aucune profession n’échappe à la prévalence du syndrome du canal carpien, qui représente près de 30 % des déclarations de maladies professionnelles liées aux troubles musculo-squelettiques en France. Les femmes, plus que les hommes, y sont exposées, malgré des efforts de prévention généralisés.

La répétition de certains gestes, l’intensité de l’effort et l’absence de pauses figurent parmi les principaux facteurs aggravants. Les conséquences sur la qualité de vie et la capacité de travail demeurent largement sous-évaluées, en particulier dans les secteurs où la reconnaissance médicale reste tardive.

Les troubles musculo-squelettiques : comprendre leur fréquence et leur impact au quotidien

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) s’imposent comme le fléau silencieux du monde du travail en France. Près de 87 % des affections professionnelles reconnues leur sont attribuées, un chiffre qui n’a rien d’anecdotique. Impossible de cloisonner le problème à une poignée de métiers : industrie, logistique, services… Tous constatent une envolée de l’absentéisme et des difficultés de productivité dues à ces pathologies.

Les données issues des tableaux de maladies professionnelles dressent un constat sans appel : ce sont les articulations, muscles et tendons qui subissent le plus de dégâts. Les facteurs de risque s’entremêlent, multipliant les effets délétères : gestes répétés à l’infini, efforts physiques poussés, postures figées, mais aussi rythme de travail mal pensé, pression des délais et tension psychologique. Quand ces facteurs s’accumulent, la mécanique du corps finit par céder, parfois en douceur, parfois avec violence.

L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) note que la détection précoce reste l’exception, alors que les dépenses explosent : traitements médicaux, indemnités à verser, réorganisations d’équipe, casse-tête administratif… La santé des salariés s’en ressent durablement, affectant non seulement la sphère professionnelle mais aussi la vie privée.

Voici les conséquences les plus fréquemment rapportées :

  • Douleurs persistantes aux bras ou aux jambes
  • Limitation des mouvements, perte de force, gestes quotidiens entravés
  • Arrêts de travail qui s’éternisent, avec parfois des difficultés à retrouver un poste adapté

Face à cette réalité, surveiller l’état des lieux et agir de façon coordonnée devient un véritable enjeu pour préserver la santé et sécurité des travailleurs, mais aussi pour maintenir la dynamique au sein des équipes.

Pourquoi l’épaule est-elle la zone la plus touchée par les TMS ?

L’épaule occupe une place de choix parmi les TMS les plus fréquents observés dans le monde professionnel. Ce n’est pas le fruit du hasard. Cette articulation, aussi mobile que complexe, repose sur une synergie délicate entre muscles, tendons et nerfs de la région scapulaire. Mais cette même mobilité la rend vulnérable face aux gestes répétitifs et aux postures contraignantes imposées par de nombreux métiers.

L’apparition du syndrome de la coiffe des rotateurs ou d’une tendinite révèle ce déséquilibre. Les tâches longues et monotones, typiques des chaînes de montage ou des emplois en logistique, sollicitent cette zone sans répit. Porter des charges lourdes ou maintenir les bras en l’air pendant des heures finit par user les structures autour de l’articulation. Du point de vue biomécanique, la moindre faiblesse se transforme en faille exploitable par les exigences du poste.

Mais le tableau ne serait pas complet sans évoquer le poids de l’organisation et du climat psychosocial. Accélération des cadences, pression du chiffre, absence de pauses… L’accumulation des microtraumatismes devient alors inévitable. D’autres paramètres entrent aussi en jeu : l’âge, les antécédents médicaux, la condition physique. Chacun module à sa manière la fragilité face à ces troubles.

Les atteintes les plus courantes au niveau de l’épaule sont notamment :

  • Pathologies de la coiffe des rotateurs
  • Tendinopathies de l’épaule
  • Douleurs diffusant vers les membres supérieurs

Impossible de négliger la fréquence de ces troubles musculo-squelettiques. Anticiper, repérer les signaux d’alerte, adapter le poste de travail : tout cela relève d’une vigilance permanente, indispensable au quotidien.

Conseils essentiels pour prévenir et mieux gérer les TMS dans la vie professionnelle et personnelle

La prévention des troubles musculo-squelettiques débute par l’aménagement des postes. Ajuster la hauteur d’un plan de travail, choisir du matériel ergonomique, répartir le poids des charges : ces petits gestes font la différence et limitent la sollicitation excessive des membres. L’amélioration des conditions de travail passe aussi par des actions concrètes comme instaurer des pauses régulières, alterner les tâches et organiser la rotation des métiers.

La formation et la sensibilisation restent des alliées de taille. Repérer les facteurs de risque, reconnaître dès le début une gêne articulaire ou tendineuse, savoir à quel moment consulter le médecin du travail : autant de réflexes à adopter pour éviter que la situation se complique. Un accompagnement rapide fait souvent la différence et facilite le maintien dans l’emploi.

Quand un TMS est déjà installé, la prise en charge s’appuie le plus souvent sur une combinaison de rééducation, physiothérapie et adaptation du poste. La kinésithérapie permet de récupérer de la mobilité, tandis que des aménagements temporaires du poste accélèrent la guérison. Dans les situations où la lésion est avérée, la chirurgie reste une solution, mais elle n’est proposée qu’après avoir épuisé les autres options.

Pour limiter l’apparition ou la récidive des TMS, certaines habitudes sont à privilégier :

  • Mettre en place une démarche collective de prévention, impliquant aussi bien l’encadrement que les salariés
  • Agir sur les facteurs organisationnels : réduire la cadence, la répétitivité, prévoir des temps de récupération
  • Favoriser les échanges au sein des équipes pour repérer rapidement les signaux faibles

Réduire les facteurs de risque ne se résume pas à l’aspect matériel ou ergonomique. Les relations entre collègues, la façon dont le travail s’organise au quotidien, la possibilité de signaler une difficulté sans crainte : tout cela compte dans la prévention des troubles musculo-squelettiques.

Face à ces réalités, chaque geste compte. L’avenir professionnel et la santé à long terme se jouent souvent dans les détails du quotidien. Prendre soin de ses articulations dès aujourd’hui, c’est donner à son corps une chance de traverser les années sans céder sous la charge.