Depuis 2023, la Haute Autorité de Santé recommande la vaccination contre le zona uniquement à deux âges précis : 65 ans et 75 ans, mais le gouvernement a fixé la gratuité pour les personnes de 70 et 79 ans. Cette discordance crée une situation inhabituelle dans le calendrier vaccinal français.
La question du bon moment pour vacciner ne relève pas du hasard. Tout se joue sur la capacité du vaccin à protéger efficacement, à un âge où les complications du zona deviennent réellement redoutées. Passé le cap des 70 ans, les conséquences d’une infection ne se résument plus à une simple éruption cutanée. Les autorités sanitaires concentrent donc leurs efforts sur les tranches d’âge où l’impact du vaccin est le plus net, à la fois en termes de protection et de bénéfices pour la santé.
Pourquoi le zona représente un risque accru après 70 ans
Le zona trouve sa source dans la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), resté silencieux dans les cellules nerveuses après une varicelle parfois lointaine. Ce réveil viral, loin d’être anodin, se fait plus fréquent avec l’avancée en âge. La raison : le système immunitaire perd progressivement de son efficacité, un phénomène bien documenté à partir de 65 ans.
Chez les personnes âgées, cette baisse des défenses immunitaires ouvre la porte à des formes plus sévères du zona. Les complications sont loin d’être rares. Parmi elles, la névralgie post-zostérienne s’impose comme un véritable fléau : une douleur chronique, parfois insupportable, qui s’accroche bien après la disparition des lésions cutanées.
Voici trois points qui illustrent la gravité de la situation après 70 ans :
- Le zona touche principalement les plus de 70 ans, leur risque étant deux fois plus élevé que chez les adultes plus jeunes.
- Près de 30 % des personnes de plus de 70 ans développent des douleurs post-zostériennes, qui peuvent altérer durablement leur quotidien.
- Des complications neurologiques graves, quoique rares, apparaissent plus volontiers après 75 ans.
Avec l’âge, ce virus endormi prend des allures d’adversaire tenace. Le zona ne se résume plus à quelques rougeurs : il s’accompagne de douleurs persistantes, parfois d’une perte d’autonomie. Voilà pourquoi la question du risque zona mérite une attention accrue, tout particulièrement pour les septuagénaires et au-delà.
Recommandations officielles : qui est concerné par la vaccination et comment se déroule-t-elle ?
La Haute Autorité de Santé préconise la vaccination contre le zona dès 65 ans, mais cible plus spécifiquement les personnes de 70 et 79 ans, qui bénéficient d’une prise en charge totale dans le cadre des campagnes nationales. Ce choix vise à réduire le fardeau du zona et de ses séquelles douloureuses, notamment chez celles et ceux les plus exposés. Les adultes immunodéprimés de plus de 18 ans sont également concernés, leur fragilité justifiant une vigilance accrue.
Deux vaccins disponibles
Pour mieux comprendre les options de vaccination, voici les deux solutions actuellement proposées :
- Shingrix : vaccin inactivé, désormais préféré grâce à son efficacité supérieure. Il permet d’éviter près de 80 % des cas de zona et diminue de 87 % les risques de douleurs persistantes.
- Zostavax : vaccin vivant atténué, devenu moins courant depuis l’arrivée de Shingrix, car son efficacité est inférieure (environ 46 % de prévention du zona, 66 % contre les douleurs post-zostériennes).
La vaccination avec Shingrix se fait en deux doses, à deux à six mois d’intervalle. Les professionnels de santé recommandent de respecter ce calendrier pour garantir une réponse immunitaire solide. La Sécurité sociale prend en charge 65 % du coût, facilitant l’accès au vaccin.
L’administration se déroule soit en cabinet médical, soit en pharmacie, sous l’œil du médecin traitant ou d’un pharmacien habilité. Il n’existe pas de “saison” privilégiée : la vaccination peut s’effectuer à tout moment, y compris en même temps que d’autres vaccins, comme celui de la grippe ou du pneumocoque. Pour les personnes âgées, ce geste devient un véritable rempart contre une maladie douloureuse et parfois handicapante.
Questions fréquentes et idées reçues autour du vaccin contre le zona
Des interrogations persistent, souvent alimentées par des informations partielles ou des croyances tenaces. Voici les réponses aux plus courantes :
Des effets qui vont au-delà de la prévention du zona ? Les récentes recherches réservent quelques surprises. Une équipe de Stanford, relayée par la revue Nature, a observé une baisse d’environ 20 % du risque de démence chez les personnes vaccinées. Ce bénéfice inattendu s’expliquerait par une action sur l’inflammation chronique liée à la réactivation du virus, bien au-delà de la seule prévention des douleurs persistantes.
Compatibilité avec d’autres vaccins ? Il n’est pas nécessaire d’espacer la vaccination contre le zona de celles contre la grippe, la Covid-19 ou le pneumocoque. Les injections peuvent être réalisées lors d’une même consultation, ce qui simplifie le parcours de soins et limite les oublis. Les sociétés savantes insistent sur cette souplesse, qui permet de renforcer la protection contre plusieurs maladies en une seule fois.
Idées reçues et données issues de la recherche
Pour dépasser certains clichés persistants, voici ce que révèlent les travaux scientifiques récents :
- Le vaccin ne sert pas qu’à éviter les éruptions : il protège aussi contre des complications cardiovasculaires. Une étude publiée dans l’European Heart Journal signale une diminution du risque d’AVC, d’infarctus et d’insuffisance cardiaque chez les personnes vaccinées.
- Se faire vacciner après 70 ou 79 ans : est-ce trop tard ? Absolument pas. Même à ces âges, la réponse immunitaire reste suffisante pour réduire nettement le risque de zona et de ses suites.
La prudence, parfois nourrie par une méconnaissance des bénéfices à long terme, recule à mesure que les résultats s’accumulent. Au pays de Galles, par exemple, la vaccination des aînés déployée dès 2013 offre un recul précieux : le nombre de cas graves et de complications a sensiblement diminué. Les faits s’imposent, la vaccination change la donne pour les plus âgés.
Se prémunir contre le zona, c’est s’offrir la possibilité de traverser les années sans redouter une douleur qui s’invite sans prévenir. La vaccination, loin d’être un simple geste médical, devient un choix de vie : celui de la sérénité retrouvée, quand l’âge avance et que chaque jour compte.