Maladies mortelles en Afrique : les principales causes de décès

Un enfant sur treize. Ce n’est pas un chiffre perdu dans une colonne de statistiques, mais la réalité brute de l’Afrique subsaharienne, où la vie s’arrête trop souvent avant d’avoir eu le temps de commencer. À cela s’ajoute une nouvelle menace silencieuse : la résistance grandissante aux traitements antimicrobiens, qui laisse les soignants démunis face à des infections autrefois sous contrôle. Aujourd’hui, dans plusieurs pays, ces bactéries récalcitrantes font plus de victimes que le paludisme ou la tuberculose.

Les systèmes de santé, déjà fragiles, peinent à suivre. L’accès limité aux diagnostics fiables, l’automédication devenue réflexe faute de mieux, la distribution de médicaments sans réel contrôle : tout cela alimente la circulation de pathogènes toujours plus coriaces. Les avancées contre les maladies infectieuses, patiemment acquises, vacillent.

Pourquoi la résistance aux antimicrobiens inquiète de plus en plus en Afrique

Dans la région africaine de l’Organisation mondiale de la santé, la progression rapide de la résistance aux antimicrobiens bouleverse les repères. Des bactéries qui cédaient auparavant aux traitements échappent désormais à tous les protocoles classiques. Les conséquences ne relèvent plus de la théorie : aujourd’hui, dans plusieurs pays africains, les décès liés à des infections résistantes dépassent ceux du paludisme ou de la tuberculose, comme le soulignent les derniers rapports des Nations unies.

La facture, ce sont surtout les pays d’Afrique subsaharienne qui la paient. Diagnostics difficiles à obtenir, automédication fréquente, absence de contrôle strict sur la vente des antibiotiques, médicaments de qualité incertaine… Le terrain est idéal pour voir émerger des résistances. Sur le terrain, les agents de santé font face à une multiplication de cas qui ne répondent plus aux traitements connus.

À tout cela s’ajoutent les maladies tropicales négligées et l’apparition de nouvelles infections, pour lesquelles les solutions thérapeutiques se font rares. D’après l’OMS, la menace s’amplifie chaque année, au point de remettre en cause les avancées obtenues contre des fléaux majeurs comme le VIH, la tuberculose ou le paludisme. La riposte passe par une meilleure surveillance, une utilisation raisonnée des antimicrobiens, une prévention renforcée.

Plusieurs défis se dressent sur la route :

  • Absence d’un véritable suivi épidémiologique
  • Utilisation anarchique des antibiotiques
  • Pénurie d’alternatives thérapeutiques adaptées

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, met en garde : la résistance pourrait rapidement s’imposer comme l’une des premières causes de décès dans la région si rien ne change. Les pays africains se voient poussés à renforcer la prévention, à former davantage de professionnels de santé et à mieux organiser les chaînes d’approvisionnement pour contenir cette vague.

Quels sont les impacts concrets sur la santé et la vie quotidienne des populations

La mortalité infantile ne recule pas, portée par la prévalence élevée des maladies transmissibles dans une grande partie des pays africains. Selon les agences des Nations unies, des millions d’enfants meurent encore chaque année avant leur cinquième anniversaire, le plus souvent emportés par le paludisme, la tuberculose ou des infections respiratoires aiguës. Dans des pays comme le Nigeria ou la République démocratique du Congo, la pression sur les hôpitaux se traduit par des files d’attente interminables et une pénurie persistante de médicaments adaptés.

Les conséquences ne touchent pas que les chiffres : elles s’invitent dans le quotidien. Les dépenses liées aux soins de santé absorbent une part considérable des revenus familiaux, déjà fragilisés par des situations économiques précaires. Face à la maladie d’un enfant ou la perte d’un proche, les parents se débattent entre la nécessité de travailler, les déplacements vers des centres de santé parfois lointains et l’incertitude d’obtenir un traitement efficace. D’après la Banque mondiale, ce sont les familles les plus vulnérables qui paient le prix fort, ce qui accentue encore les écarts d’accès aux soins.

Voici quelques-unes des difficultés concrètes rencontrées au quotidien :

  • Des files d’attente toujours plus longues dans les hôpitaux
  • Des diagnostics qui tardent, même pour les infections les plus graves
  • Des pertes humaines qui pourraient être évitées chez les enfants et les personnes vivant avec le VIH

Sur le terrain, les agents de santé racontent un quotidien rythmé par la surcharge de travail et le manque de ressources adaptées pour gérer les situations les plus critiques. Au Malawi ou au Rwanda, chaque nouvelle épidémie saisonnière menace un équilibre déjà précaire. Pour beaucoup, la vie s’organise autour de stratégies de survie, parfois au détriment de projets majeurs ou de la stabilité familiale.

Famille africaine réunie dans la nature sous un ciel lumineux

Des pistes d’action et des initiatives locales pour inverser la tendance

Devant la montée des maladies transmissibles et la pression sur les systèmes de santé, plusieurs pays africains misent sur des solutions concrètes, pensées pour et par le terrain. L’Organisation mondiale de la santé encourage une approche axée sur la prévention et le renforcement des dispositifs de surveillance. Au Nigeria, des réseaux d’agents de santé sillonnent les villages pour informer sur les gestes de protection et repérer les symptômes du paludisme ou de la tuberculose dès qu’ils apparaissent.

La question du financement revient sans cesse : chaque année, des milliards de dollars sont nécessaires pour moderniser les infrastructures, assurer la disponibilité des médicaments et former les soignants. Plusieurs gouvernements d’Afrique subsaharienne choisissent désormais de consacrer une part plus conséquente de leur budget annuel à la santé, ce qui permet notamment la création de laboratoires régionaux capables de surveiller l’apparition de nouvelles infections.

Trois leviers principaux structurent ces réponses :

  • Renforcement des campagnes de vaccination
  • Ouverture de centres de diagnostic rapide
  • Développement de partenariats avec des ONG pour améliorer l’accès aux soins de base

La prévention des infections passe aussi par la circulation d’informations claires et adaptées. Au Rwanda, par exemple, des ateliers menés en langue locale, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé, permettent aux habitants de mieux s’approprier les messages de santé. Les progrès sont inégaux, mais cette implication grandissante des communautés laisse entrevoir une capacité nouvelle à faire reculer les principales causes de décès.

Sur le continent africain, la lutte contre les maladies mortelles ne se joue pas seulement dans les hôpitaux : elle avance, pas à pas, dans chaque village où l’on s’organise, s’informe et refuse la fatalité. L’espoir, ici, se façonne à la mesure de ces engagements quotidiens.